"Kuzushi-Tsukuri" ou 'Tsukuri-Kuzushi"

Introduction :
Ces deux expressions sont utilisées dans les livres de jùdô. Laquelle est la bonne ? Et bien ça dépend de ce ce que vous mettez derrière les termes Tsukuri et Kuzushi.
La plupart du temps, Tsukuri désigne la partie technique de Tori qui permet le Kuzushi de Uke et Kuzushi est le déséquilibre qui permet la projection

Schématiquement, est-ce que :
- je me place pour déséquilibrer : Tsukuri-Kuzushi


ou
- je déséquilibre pour pouvoir me placer : Kuzushi-Tsukuri

Les écueils :
La conduite est à l'origine du déplacement du véhicule. Cependant, la conduite (tsukuri) et le déplacement du véhicule (kuzushi) ne font qu'un. De même, le (dé)placement de Tori est à l'origine de la mise en déséquilibre du corps d'Uke. Cependant, le (dé)placement de Tori et la mise en déséquilibre du corps d'Uke ne font qu'un. Ces deux processus sont donc simultanés.
Deux écueils sont donc à éviter :
- déséquilibrer avant de se placer :
         - sur les mouvements avant cela provoque la fixation des appuis de son propre corps rendant impossible le déplacement
         - sur les mouvements arrière cela provoque le déséquilibre de son propre corps rendant impossible tout contrôle
- se placer avant de déséquilibrer
         - sur les mouvements avant et arrière cela provoque l'extention des bras rendant impossible la poussée ou la traction

En réalité, il existe bien deux temps :
Le déplacement : (aite no tsukuri, préparation du partenaire) : préparation de la main d'autrui, le partenaire/adversaire (aite) ; mettre Uke dans une position pour pouvoir l'attaquer.
Elle s'organise à partir de composantes afin de créer une vulnérabilité provisoire.

C'est l'attaque en confusion ou feinte (misekake) ou demandant le sens de la feinte (sorashi) est une simulation d'attaque ayant pour but de créer une réaction chez l'adversaire et permettant d'exécuter une technique initialement prévue. C'est ce qu'on appelle souvent action/réaction (avant/avant, avant/arrière, arrière/arrière, arrière/avant, gauche/droite, droite/gauche, droite/droite, gauche/gauche)
Cette feinte s'exécute au travers des kuzushi-wazas :
- un kari-komi (entrée en balayant)
- une action de kumi kata
- un déplacement (tsuri-ashi)
- un changement de posture (shisei)
Cette tactique vous permet d'avoir un temps d'avance : toki (temps) tobashi (envolé).

Le placement (jibun no tsukuri, préparation de soi-même) : préparation de soi-même ; le déplacement et le placement de Tori.
C'est attaquer l'adversaire avec l'intention de faire tomber (zanshin)

Les mots de Tsukuri et Kuzushi ne sont pas employés de la même façon dans les différents modèles alors qu'ils sont tous d'accord sur la même réalité de réalisation de la technique :

Préparation de Uke
Placement de Tori
Jigorô Kanô
Mikinosuke Kawaishi
TORI...
Rolland Habersetzer
Carl de Crée

Et le kake ? :
Kake est la mise au "point de non-retour" pour Uke à partir duquelle il est pris dans l'engrenage de la technique. C'est l'accrochage (gake) décisif, le moment où Uke est suspendu sans possibilité de se défendre. C'est l'instant qui précède le Nage (chute de Uke).

 

Conclusion :
La question n'est donc pas de savoir si c'est le Tsukuri qui permet de Kuzushi ou si c'est le Kuzushi qui permet le Tsukuri mais de comprendre qu'il y bien les deux concepts et les deux phases mais que :
- chaque phase comporte les deux concepts
- les deux phases ne se limitent pas à l'éxécution d'une technique sur un partenaire mais sur un adversaire.