L'autorité

L'autorité peut s'établir de deux façons :
- soit de façon formelle en décrétant un titre (je suis le maître ou l'entraîneur) et en investissant cette personne de pouvoirs connus de tous comme cela se passe dans un mode de relations maître-élève de type autoritaire ;
- soit de façon informelle en répondant à l'attente et au besoin de chacun comme dans une relation type démocratique.
Le type autoritaire :
Jusqu'à la fin des années 70, la seule relation maître-élève couramment admise était de type autoritaire. Dans cette relation, le maître représente celui qui détient la connaissance et la dispense en dictant seul des directives, en choisissant lui-même les étapes du travail à fournir, en imposant des tâches à chacun. L'élève se cantonne dans un rôle passif, il exécute, apprend ce qu'on lui demande sans aucune possibilité de choisir ce qui lui convient ou non. L'échange se fait prioritairement dans la direction maître-élève, la direction inverse ayant pour seul objet de vérifier que la majorité des élèves suivent, que l'enseignement est adapté à l'ensemble (devoirs de contrôle, tests, questions aux élèves, etc.). Ce mode de relation suppose une soumission des élèves à l'autorité du chef (maître, entraîneur..). Seul un chef respecté et fort peut se faire entendre, car une attitude autoritaire suscite souvent des réactions de rébellion de la part de ceux qui ont à obéir, toujours en tous cas si le maître est faible. L'entraîneur qui prend une attitude autoritaire établit un rapport de force qu'il doit assumer jusqu'au bout s'il ne veut pas être désavoué par le groupe. Une attitude du maître peut devenir conflictuelle si elle est ressentie comme une agresion par les élèves, si le pouvoir qu'ils subissent de la part du maître n'est pas l'équilibré, compensé par une juste reconnaissance de leurs besoins d'expressions, d'affirmation d'identité (importance de la récompense). Si un conflit apparaît, les élèves essayeront d'enlever le pouvoir au maître (chahut, agression) pour supprimer l'autorité. S'ils n'y parviennent pas, que le maître est trop fort, ils regresseront et adopteront une attitude de moindre participation. L'expérience montre cependant qu'une telle relation maître-élève débouche sur une attitude infantile, non adulte, non responsable des membres du groupe qui tendent à rejeter toutes fautes, toutes erreurs sur les autres. Ce genre de relation ne peut réussire que sur une période relativement courte (deux ou trois saisons).
Le type démocratique :
Dans cette relation, le chef (le maître, l'entraîneur) n'apparaît plus comme celui qui dicte tout, mais comme quelqu'un qui coordonne, oriente ou simule les aspirations, les idées de chacun des membres du groupe. Les décisions sont prises en commun, ce qui rend bien sûr tout le monde responsable des réussites ou des échecs. Chacun peut s'exprimer pleinement dans l'harmonie du groupe qui aura ainsi une meilleur productivité en suscitant plus de coopération, d'amitié et de travail de tous. En favorisant une attitude et adulte, cette relation permet d'analyser, de mettre plus clairement en lumière les problèmes qui se pose à tous et donnent plus de chances de les résoudre. On ne se cache plus derrière les autres, on ne cherche plus des prétextes, de bouc-émissaires comme dans la relation de type autoritaire, mais on pose honnêtement les problèmes en cherchant une solution courageuse et efficace.

Ces deux types d'aurtorité ne sont que des caricatures et un enseignant se situe généralement entre les deux.

De manière générale, l'autorité c'est :
- avoir un transfert d'autorité implicite ou explicite des parents
- avoir une supériorité technique très marquée (légitimité)
- expliquer sans argumenter pour ce justifier (fermeté)
- sanctionner (justice)
- préserver la dignité et rassurer (bienveillance)
- s'adresser aux individus et pas au groupe (communication)

Les 3 phases de l'autorité :
- la prévention
- la dissuasion
- la répression

En cas de conflit avec l'autorité :
La règle d'or de l'autorité est de s'adresser aux individus et pas au groupe. Les sanctions seront toujours dirigées individuellement. Outre les réprimandes, les avertissements, les harcèlements, les discriminations* et autres sanctions, l'arme préférée de l'autorité est de brouiller la communication en prenant à part les soumis et en leurs donnant des informations différentes ou ambiguës. En cas de résolution de conflit dans le sens des soumis, l'autorité prétextera quasiment systèmatiquement une imcompréhension de la part des soumis pour ne pas perdre la face*.

*Les arguments barrés sont indignes d'un jùdôka car ils ne préservent pas le respect, la sincérité et l'honneur.

Confucius et Mencius, l'un comme l'autre, l'ont souvent affirmé : la qualité fondamentale d'un chef est la bienveillance. Confucius aurait dit : « Que le prince cultive les vertus et le peuple viendra à lui en masse, avec le peuple viendront les terres, avec les terres la richesse. Cette richesse sera le bénéfice de la rectitude du prince. Vertu est racine, richesse est moisson ». Et encore «Jamais on ne vit de prince bienveillant, monarque d'un peuple qui n'aime pas la vertu ». Quant à Mencius, il mettait ses pas dans les siens en disant : « On peut citer des exemples d'hommes capables d'atteindre un pouvoir suprême dans certaines contrées malgré un total manque de bienveillance mais jamais je n'ai entendu parler d'empires entiers tombant dans les mains de l'un de ceux qui manqueraient de cette vertu. En outre, il est impossible à quiconque de devenir monarque d'un peuple qui ne lui aurait pas fait, au préalable, allégeance de son cœur. » - « La bienveillance, dit-il avec Confucius, fait l'homme ».

La gestion des conflits :
Pour règler un conflit avec autrui il existe deux grandes stratégies :
- le rapport de force : le but est de prendre le dessus sur l'autrui pour remporter le conflit.
   Cette stratégie a deux grands défault :
         - de préparer le conflit suivant (mauvais rendement long terme)
         - de demander beaucoup de pouvoir
  Le points forts sont :
         - d'avoir un bon rendement à court terme si le pouvoir déployé est suffisante
         - d'être simple

- la conciliation : le but est de prendre le dessus sur le conflit pour éliminer le conflit.
   Cette stratégie a deux grands avantages :
         - de d'éliminer les conflits suivants
         - de demander peu de pouvoir
  Le points faibles sont :
         - d'avoir un mauvais rendement à court terme
         - d'être compliqué

Les deux expériences en psychologie sociale célèbres sur l'autorité :
- l'expérience de Milgam publié par Stanley Milgram en 1963 (film I... comme Icare" de 1979 et le téléfilm/Jeu télévisé "Le jeu de la mort" de 2009)
Lors d'une expérience présentée comme tel, un responsable demande à un participant volontaire d'infliger des souffrances par décharges éléctriques à distance sur un homme singeant la douleur (avec un accès visuel et sonor) mais en réalité complice du responsable à l'insu du volontaire.
Résultat : la majorité des participants acceptent d'infliger des douleurs et des blessures souvent mortelles sous la responsabilité du responsable.
- l'expérience de Stanford menés par Philip Zimbardo en 1971 (films "Das experiment de 2001 et "The experiment" de 2010)
Lors d'une expérience présentée comme tel, un responsable demande à des participants volontaires et payer très cher sur plusieurs jours sous condition de ne pas abandonner avant la fin pour jouer le rôle de gardiens chargés de maintenir l'ordre et de prisonniers. Les rôles sont choisis ouvertement de manière aléatoire. Un des gardiens est néanmoins un complice du responsable à l'insu des autres. Ce dernier est chargé d'inciter les autres gardiens à devenir violents en influençant à la fois les gardien et les prisonniers.
Résultat : la majorité des gardiens ont infligé bien avant la fin théorique annoncée de l'expérience de mauvais traitement allant jusqu'à la torture aux prisonniers pour maintenir l'ordre si bien qu'elle a dû être arrêtée avant terme.